COLLOQUE AU C.H.E.T.O.M

À l'initiative de la Ville de Fréjus, les 13 et 14 juin 2008 s'est tenu au Centre d'Histoire et d'Etudes des Troupes d'Outre-Mer un colloque international d'histoire ayant pour thème Lucie Cousturier, les tirailleurs sénégalais et la question coloniale. Placé sous la présidence du professeur Roger Little du Trinity Colloge à Dublin (Irlande), cette manifestation a réuni une dizaine de chercheurs et d'historiens parmi lesquels le professeur Marc Michel de l'Université de Provence et membre du conseil scientifique des Troupes de Marine, le professeur János Riesz de l'université de Bayreuth, Sandrine Lemaire du CNRS, Adèle de Lanfranchi du musée du Quai Branly et le lieutenant-colonel Antoine Champeaux, conservateur du musée des TDM. Le colloque a permis d'évoquer successivement l'histoire des tirailleurs sénégalais dans la Grande Guerre et leur vie dans les camps du sud-est, l'artiste peintre Lucie Cousturier et ses relations avec les néo-impressionnistes, son oeuvre littéraire et ses voyages en Afrique ainsi que son regard sur la question coloniale. Les Actes du colloque sont disponibles à la boutique du musée des Troupes de Marine.

Lucie Cousturier (1876-1925)

 
Peintre et écrivain, Lucie Cousturier est l'élève de Paul Signac et l'amie de Georges Seurat, deux maîtres du post-impressionnisme. Elle expose à Paris, de 1906 à 1913. Pendant la Grande Guerre, elle vit à Fréjus et elle y peint des oeuvres majeures, excellant dans les paysages lumineux, les portraits, les fleurs ou les natures mortes. Estimant insuffisant l'apprentissage de la langue française tel qu'il est pratiqué dans les camps militaires, elle dispense des cours de français à un certain nombre de tirailleurs africains qui fréquentent son domicile transformé en école. Elle publie le récit de cette aventure en 1920, Des inconnus chez moi. Pour revoir quelques-uns des soldats qu'elle avait alphabétisés à Fréjus, elle effectue un voyage en Afrique occidentale française en 1921-1922, dont elle ramène de nombreuses toiles et la matière de trois livres, La forêt du Haut-Niger (1923), Mes inconnus chez eux, Mon amie Fatou, citadine - Mon ami Soumaré, laptot (1925). Artiste engagée témoignant d'un intérêt encore rare à l'époque dans certains milieux pour les réalités africaines, Lucie Cousturier fait figure de précurseur en ayant fait un voyage en Afrique avant d'autres intellectuels français engagés comme André Gide Voyage au Congo, 1927, Retour du Tchad, 1928 - ou Michel Leiris…
 
Des inconnus chez moi   Mon amie Fatou   Mon ami Soumaré