160ème anniversaire de la naissance du Maréchal Galliéni

GALLIENI le colonisateur

Gallieni Jeune

Pas de colonies, pas de France (Gallieni)



Il y aurait tant à dire sur l'oeuvre originale de Gallieni le colonisateur, que d'emblée j'applique sa devise : droit au but. Sur sa demande, en 1877, le jeune lieutenant Joseph Gallieni part à 28 ans pour le Sénégal. Son chef, le gouverneur Brière de l'Isle, l'a déjà jaugé sur place et sur pièces. Il lui confie la mission de pénétrer dans les vallées du Haut-Niger et d'établir des débouchés commerciaux et un tracé de chemin de fer. Promu capitaine, Gallieni subira une attaque de plus de 1000 bambaras, lui n'ayant que 150 hommes. Il subira une semi captivité de dix mois. Il persuadera le chef toucouleur Ahmadou de signer un traité de protectorat avec la France.
L'embuscade, la captivité, la réussite font de Gallieni un héros. Une célébrité auréolée d'un mariage avec Marthe Savelli une raphaëloise.
Promotion au grade de chef de bataillon, deux enfants, séjour de trois ans à la Martinique. Puis rappel au Soudan en 1886, pour y calmer une agitation sur trois fronts. Colonel et commandant supérieur des troupes, il déploie là une action de soldat, de diplomate, d'organisateur. Il combat les bandes de Mamadou-Lamine. Il mène des palabres avec le commandeur des croyants Samory. Il amène Ahmadou à signer un second traité. Mais surtout il innove par des initiatives où le militaire s'efface devant la pratique du travail politique: construction de routes, d'écoles, de ponts, développement des cultures et des foires, création de " Villages de liberté " pour les esclaves fugitifs, soutien scolaire et surtout professionnel. Il avait consolidé une présence française selon des principes qui lui étaient personnels : avant tout utiliser la force le moins possible, comprendre et se concilier les populations.

Joseph-Simon_Gallieni
" L'homme aux quatre yeux et à la grosse moustache " accomplit sa mission en deux ans. Il passe la main à Archinard, rentre en France, suit des cours à l'Ecole de Guerre dont il sort mention " Très bien " et " Déclaré hors pair ". Puis après quelques mois au 4° RIMa de Toulon, animal d'action, Gallieni demande à servir au Tonkin.
Il y reste quatre ans. Son activité de commandant a pour théâtre le 2° territoire jouxtant la frontière chinoise. Une situation qui favorise les incursions des bandes de pirates, véritables maîtres du pays, Gallieni lance contre elles des colonnes, lui en tête, imagine une ceinture de fortins pour protéger les villages. Et par cette tactique il isole la piraterie de la population dont elle se nourrit et où elle se fond. Usant de diplomatie avec le maréchal Sou gouverneur chinois, il obtient de fermer la frontière. Alors, il peut anéantir les pirates et leurs chefs. Et aussitôt se consacrer à l'action politique qu'il considère plus importante.
Cette politique de " la tache d'huile ", selon son expression, inspirera Lyautey au Maroc : ne pousser plus avant dans une région, qu'autant que la précédente aura été pacifiée et organisée. Et toujours l'étude et les contacts profonds avec la population.
Lorsqu’en 1896, fatigué, sa santé ébranlée mais sa mission remplie (" je suis un homme qui ne voit que la mission ") il quitte le Tonkin, le maréchal Sou, les larmes aux yeux lui décerne cet éloge : " Homme bien remarquable, digne de maître chinois. "
Il n'était pas en France depuis quatre mois que les graves événements de Madagascar le forcèrent, sur ordre du ministre des colonies à y restaurer l'autorité et la présence française. La situation était celle d'une île en révolte. Deux périodes l'une courte, implacable, décisive. Elle vaudra à Gallieni, promu général de brigade et résidant général, le surnom de " Général cruel ". La rébellion est excitée par le ministre de l'Intérieur et l'oncle de la reine Ranavalona: fusillé après un jugement expéditif ! La reine ? exilée ! La monarchie ? abolie ! Les révoltés ? poursuivis ! et région après région, amenés à la reddition. Et voulant faire oublier cette phase répressive, Gallieni ordonne, codifie, vérifie que sa politique "de la tache d'huile" apporte à la Grande Ile le développement et la prospérité au profit non de la France seule, mais aussi des malgaches hommes et femmes.
C'est la seconde période au cours de laquelle Gallieni a fait Madagascar. Construction d'écoles, de dispensaires, de léproseries, d'hôpitaux où les médecins sont français ou malgaches. Pistes devenues chemins, chemins transformés en routes macadamisées sur lesquelles roulent des voitures. Code des impôts, académie malgache. Artisanat, agriculture, enseignement professionnel (le "dada de Gallieni ") ouvert au plus grand nombre. Modernisation du port de Diego- Suarez sous l'impulsion du colonel Joffre appelé dans l'équipe avec Lyautey. " Bataille ferme " pour obtenir du gouvernement les crédits pour un chemin de fer donnant du travail à 20 000 ouvriers. OEuvre télégraphique etc..etc.. Toujours ménager le pays et les habitants. Et au bout de neuf ans, en 1905, retour définitif en France, après avoir construit un état neuf, moderne, laïc et républicain .
Puis Gallieni est nommé gouverneur de Lyon. Inspecteur général. Membre trop peu écouté du Conseil supérieur de la guerre . Et lui qui ne souhaitait, à ses 65 ans en avril 1914, ne plus s'occuper " que de son vin et de ses bouquins ”, est rappelé en août comme second après Joffre…
Mais ceci est une autre histoire. La grande histoire où Gallieni entre de plain pied….

 

Affiche Gallieni