Allocution du général NOIRTIN :
Je suis très heureux d’être ici parmi vous et de constater, au travers des différents bilans qui ont été présentés ce matin, que l’association présidée par le général Tracqui témoigne d’une grande vitalité et présente un bilan financier sain et équilibré. Pour clore l’assemblée, je vais développer devant vous les points suivants :
- Un bilan très général sur l’arme,
- Un point sur l’école militaire de spécialisation de l’outre-mer et de l’étranger, l’EMSOME, notre maison mère,
- Le déroulement succinct de la cérémonie de Bazeilles 2010 à Fréjus,
- Et enfin des considérations générales sur une évolution possible du musée dans le long terme, sans pour autant remettre en cause la démarche actuelle visant à améliorer ses capacités d’exposition et de stockage.
L’arme des troupes de marine se porte bien et nos formations sont engagées dans toutes les opérations en cours et notamment en Afghanistan. L’appel aux morts effectué en début d’assemblée montre cependant qu’elle a payé un lourd tribut. Désormais, nos concitoyens prennent réellement conscience que les armées sont engagées dans de véritables opérations de guerre. Le général d’armée CONWAY, commandant l’US Marines Corps, revenant d’Afghanistan, me rapportait il y a quelques semaines l’excellent comportement de nos marsouins du 3ième RIMa. Notre recrutement est bon et les meilleurs officiers et sous-officiers qui sortent des écoles continuent à choisir les troupes de marine, ce qui constitue à mes yeux un excellent indicateur sur l’attractivité de l’arme à l’intérieur de l’institution.
La diminution globale des postes permanents dans les forces avec la dissolution d’ici 2012 du 33ième RIMa, du 41ième BIMa et du RIMAP-P est partiellement compensée par la création d’une compagnie permanente supplémentaire au 9ième RIMa et de six à sept compagnies du SMA. L’ouverture de postes de nombreux cadres insérés dans les structures de l’OTAN constitue une opportunité pour nos jeunes cadres. En ce qui concerne l’Afrique, les réflexions sur nos implantations continuent et rien n’est véritablement décidé.
L’EMSOME continue inlassablement sa mission d’acculturation et s’adapte au fur et à mesure des besoins. Les autres armées sollicitent de plus en plus ses compétences, notamment la Gendarmerie et la Marine nationale. Au total, plus de 23000 personnes ont bénéficié de prestations de l’EMSOME au cours de l’année 2009. Par ailleurs, en 2010, l’école va organiser les stages au profit des 360 officiers et sous-officiers insérés dans les structures de l’OTAN. Nos instructeurs ont des compétences reconnues.
Cependant l’école est elle aussi impactée par la redéfinition générale des moyens attribués aux armées. Forte de 52 personnes, son effectif pourrait être ramené autours de 35 personnes avant 2014 avec notamment un seul poste identifié de conservateur de musée. De plus, comme l’ensemble des organismes militaires parisiens, l’EMSOME va participer à un comité directeur d’emprise en mars prochain visant à étudier son maintien ou non à Rueil Malmaison.
La cérémonie de Bazeilles qui va se dérouler à Fréjus s’inscrit dans le cadre des commémorations du cinquantenaire des indépendances africaines. Visant à montrer la spécificité des TDM à un large public, son déroulement reprend globalement celui de l’année dernière. Les arènes de Fréjus sont en cours de travaux et ne seront pas accessibles avant 2012, la base nature François Léotard sera encore cette année le point d’ancrage de cette cérémonie qui se déroulera en nocturne. Un tableau spécifique sur la coopération militaire française au profit des armées africaines sera proposé. Assortie d’un commentaire approprié et de photographies projetées sur grands écrans, une phase de la cérémonie comportera la présentation au public d’un groupe d’officiers et de sous-officiers africains en uniforme national, ainsi que des cadres français en tenue de coopérant. En complément, il est envisagé d’exposer du matériel d’exportation.
Dans le cadre de la promotion des cérémonies de Bazeilles, l’exposition de photographies réalisées par les formations est reconduite et aura pour thème « les troupes de marine et l’Afrique ». Comme l’an dernier, les meilleures productions seront exposées à la villa Aurélienne de Fréjus.
Concernant le musée des troupes de marine, il faut effectivement continuer à court terme à promouvoir les capacités d’exposition et de stockage. La réalisation d’un projet d’aménagement par un cabinet indépendant, ou l’aide de jeunes architectes en cours de formation, avec une vue d’artiste de l’ensemble serait de nature à accroître sa visibilité et à promouvoir cette option.
Mais il convient aussi de prendre en considération des données bien réelles. Tout d’abord, l’accessibilité du musée s’est dégradée avec le contournement du réseau routier ; il se situe désormais dans une impasse et cela impacte directement sa fréquentation qui est passée d’environ 20 000 personnes il y a trois ans, à moins de 15 000 en 2009. L’armée de Terre, compte tenu de ses contraintes en infrastructures liées notamment à la réorganisation générale de ses formations et à la carte militaire, n’investira pas pendant plusieurs années et de façon significative dans ses musées (environ une douzaine au total).
En conséquence, il convient de réfléchir sur l’avenir et la préservation de notre patrimoine.
On constate qu’il n’existe pas dans le sud de la France un grand musée qui suscite l’intérêt au niveau national, comme par exemple à Caen en Normandie qui est consacré à la deuxième guerre mondiale et en particulier au débarquement. Ce musée est fréquenté toute l’année, notamment par la venue d’élèves des quatre coins de l’hexagone et le thème de la deuxième guerre mondiale a engendré un regain d’intérêt, on a pu le constater lors de la diffusion à la télévision lors de la série « Apocalypse ». Dans le même ordre d’idée, le musée des arts premiers au quai Branly, qui pourtant a fait naitre bien du scepticisme au départ, connait un grand succès. En ce qui concerne le « Sud », alors que la société française a été fortement façonnée et impactée par le développement économique et culturel de l’empire colonial, auquel les troupes de marine ont fortement contribué, il n’y a pas d’établissement qui rappelle vraiment et dans tous ses aspects, notamment anthropologique, cette période importante de notre histoire. Il serait peut-être opportun de réfléchir et de sensibiliser tous les acteurs, Etat et collectivités territoriales sur l’opportunité de créer dans le sud, et pourquoi pas à Fréjus, «une cité de l’outremer» qui regrouperait différentes collections. Les objets et des documents les plus significatifs de l’empire colonial seraient présentés. L’emprise serait organisée par thèmes, les troupes de marine constituant bien évidemment l’un d’entre eux, tous liés au fait que la Provence Alpes Côte d’azur a été le creuset et le passage incontournable des flux de populations civiles ou militaires venant des colonies. L’implantation de cet établissement dans le sud de la France est tout à fait légitime. On pourrait imaginer l’adjonction de collections liées au débarquement, à l’armée d’Afrique, à l’antiquité, etc.
Placé à un endroit bien étudié qui assure une grande fréquentation et centré sur un thème général qui est étudié à l’école, dans les universités et par des chercheurs internationaux, ce projet permettrait de façon pragmatique de revoir complètement le financement des présentations de nos collections et la promotion de notre arme en dehors de l’institution.
An niveau infrastructure, le CHETOM du musée actuel serait conservé et étendu aux chercheurs qui travaillent sur l’outremer en général, et les troupes de marine en particulier. Ils pourraient ainsi effectuer leurs investigations à proximité des sources documentaires puisque les salles actuelles regrouperaient à la fois la totalité des archives et des collections non exposées. La crypte serait bien sûr conservée comme lieu de recueillement et de tradition des TDM. (cf. planche jointe)
Voilà en quelques mots les différents thèmes que je souhaitais aborder avec vous sachant que mon principal souci est de préserver en permanence nos traditions, nos valeurs et notre patrimoine, en dépit des grands bouleversements auxquels les armées sont confrontées.
Je vous remercie de votre attention…